top of page

             Le vertige des possible / Les possibles du vertige

 

 

      Portraits ‘sarcophages’, dit-elle : cadrés, fragmentés, les visages sont là avec leurs impuretés magnifiques. Ça transpire tout en restant sec. Rougeurs. Craquelures des toiles de peinture vieillies. Les corps ne sont jamais montrés en entier que lorsqu’ils sont nus. Mais alors demeurent dissimulés, pudeur qui viendrait troubler davantage, par trop éblouir nos yeux qui, déjà, débordent.

 

                                                    Verglas opaque.

 

         Ses yeux à elle hurlent des larmes invisibles qui suintent dans les murs, qui superposent, clignent ; incessant aller et retour dans le vertige qui transporte. Les mains qui tapent sur les touches du clavier, qui les caressent, qui hésitent. Qui grattent, qui écartèlent, qui serrent sans toucher, qui hurlent, qui font plis, le tout dans une immobilité en décalque. Mains négatives qui font retour aux origines pour mieux dire les sentiments du rupestre. Magma de persona qui comptent à rebours les plis. Jouer sa vie à la loterie. Mirer le monde à travers un hublot.

 

         Ou bien.. ou bien… Enten Eller fondamental dans lequel s’inscrit le corps en perpétuelle visite des possibles de son existence, toujours plus croissants. Le choix personnel de décider de quelle vie mener. Alternatives imposées ? Décidables. Fuir le risque de ne poser qu’un coup d’œil sur la réalité qui file. Sédiments de sens dont on ne sait s’ils doivent être achetés ou loués, fait sien ou traversés. Location définitive des lieux de passage où habiter demande de faire divorce tout autant que de s’unir. Perpétuel indécidable où la peur résonne avec la perte.

 

         (Re)bâtir à partir des décombres. Trouver la recette en commençant par se mettre au bord du monde et de son silence qui sonne hors. La fuite est peut-être dans l’absence du trop-plein. Où le vide n’est pas le manque. Hors du vivre-ensemble construit en apparence mais échafaudages branlants en réalités. Car elle ne peut employer cette proximité des corps qui demeure opaque. Les rares mots qu’elles soupirent prennent consistance dans leur anesthésie apparente, entrainés dans l'élan des corps qui les enveloppent. Aux marges de l'errance, c'est la figure du vouloir-vivre qui se reflète.

 

                                   Femme sans qualités qui déborde du monde.

 

Sur quelles vagues se laisser porter quand elles charrient tout ? Mais il faut bien finir par trouver un titre. Une sortie dans ces possibles du vertige. Il y a toujours un temps avant que la porte ne se referme. Ce passage, au lieu d'être nié dans la démission est effleuré, hésité, palpé, enfin...

 

                                                                                                                              traversé.

 

                                   

                                                                                            Adèle Godefroy 22 mars 2014

                                                           Après le visionnage du film Le vertige de possibles.

Errance

avec Vivianne Perelmuter

à l'occasion de la sortie de son film Le vertige des possibles. Quelques heures durants lesquelles elle nous a offert sa voix et son regard dans les ruelles parisiennes.

Pré-texte réussi.

                                    (24/03/2014)

Atypique utopique.

 

 

 

 

Atypique : personne extraordinaire, qu'on remarque, originale selon les uns, bizarre selon les autres, qui a une sorte de dignité naturelle.

 

Utopique : u-topos, qui ne s’inscrit dans aucun lieu, à la dérive.

 

 

 

 

 

 

 

2011 - Rencontre de Saied sur les routes de campagne thaïlandaises.

Professeur de mathématiques en Suède à l’année, il passe toutes ses vacances à s’engager pour la reconnaissance et le respect de l’identité des enfants birmans, réfugiés dans les zones transfrontalières du pays. Un refuge. C’est pour l’avoir lui-même trouvé en Suède qu’il s’y est définitivement installé, après avoir fui l’Iran et ses racines en avril 1980. A cette époque de la révolution, rester dans le pays c’était abandonner tout espoir de poursuivre ses études et de mettre fin à la pauvreté qui faisait son quotidien depuis sa naissance.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

2013. Malmö.

Même s’il est désormais intégré au sein de la société suédoise, il reste très difficile pour lui de s’y situer. Son quotidien défile, est rythmé par les heures de classe, les transports, les projets en Thaïlande et le sport. Le sport : mettre son corps en branle, courir, se heurter à la douleur, aux tiraillements, les dépasser, marquer, suer. Peut-être pour mieux sentir qu’il existe, qu’il s’ex-prime.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Dignité. Force. Humilité. Cœur.

      

Où est le ‘chez-soi’ ? C’est au lycée dans lequel il est connu et admiré et dans les regards de ses élèves que Saied trouve sa raison d’être. Il s’acharne à transmettre les connaissances mathématiques de manière ludique et passionnée, avec pour mot d’ordre la patience, le respect et la conviction que ses élèves réussiront. Il oublie ainsi l’histoire du passé et apprend à faire sien le silence, lourd, sec, du retour dans l’appartement. A intégrer les regards des ‘blancs’ sur son visage tanné. A se raser, se couper les cheveux une fois rentré de l’autre réalité, celle des sourires thaïlandais et du partage des cœurs…

Avant de repartir là-bas, pour les deux mois d’été.

bottom of page